Nous vivons à l’ère du numérique. En tant que parent, cela peut s’avérer un nouveau monde dans lequel vous devrez naviguer à mesure que vos enfants grandissent. Avec la rentrée à l’école viendront l’indépendance, les appareils mobiles et les médias qu’ils choisiront de consommer. Il est toutefois important de réfléchir à l’influence des médias sur les enfants.
L’opinion de chaque parent sur le temps passé devant un écran diffère et chaque famille gère les médias différemment. Pour vous permettre de prendre des décisions plus éclairées concernant les règles de votre famille sur le temps passé devant un écran, nous discuterons, dans cet article, des médias pour enfants et de leurs stéréotypes, de la manière dont ils peuvent influencer la confiance en soi des enfants et des effets de l’image corporelle négative.
Normes basées sur l’apparence et les stéréotypes dans les médias pour enfants
Les médias pour enfants prennent de multiples formes (émissions de télévision, livres, jeux en ligne, applications) et apprennent aux enfants ce qu’on considère comme acceptable et ce qu’on célèbre dans la société. Certains médias montrent des idéaux de beauté limités et des normes liées à l’apparence pouvant renforcer les idéaux de genre obsolètes.
Si vous demandez à des enfants de décrire une princesse, la majorité la décrira comme étant mince, très féminine et traditionnellement « jolie ». Des études montrent que les princesses de Disney ne semblent pas influencer l’image corporelle des jeunes filles de moins de six ans1,2. C’est peut-être parce qu’elles s’identifient avec les personnages, plutôt que de se comparer à elles. Mais au fur et à mesure que les filles vieillissent, elles se comparent graduellement aux autres. Les médias qu’elles consomment à cet âge doivent donc contenir une multitude de corps et d’apparences. Mais les stéréotypes dans les médias n’influencent pas que les filles. Les effets de l’image corporelle négative peuvent aussi avoir des répercussions chez les garçons, puisque les personnages masculins se conforment eux aussi aux normes liées au genre et à l’apparence de la société. Les figurines et les personnages masculins dans les films et les jeux vidéo sont souvent irréalistes et considérablement musclés. Des études sur des garçons de six ans ont montré qu’un tiers d’entre eux souhaiteraient être plus musclés.3
Les méchants ou les méchantes ont souvent des traits faciaux typiquement « peu attrayants » et non conformes aux normes de la société liées à l’apparence. Les personnages typiquement attirants ont généralement les meilleurs traits de personnalités (drôle, intelligent, curieux), alors que ceux qui ne se conforment pas aux normes de la société entourant l’attirance sont plus susceptibles d’être perçus comme lâches, ennuyeux, avares ou méchants. Cela montre aux enfants qu’il est acceptable de juger les qualités personnelles des gens en se basant sur leur apparence et renforce les stéréotypes et les préjugés.
Manières d’amorcer les conversations :
- Pourquoi pensez-vous que les personnages méchants ont une apparence particulière? Est-ce que cela pourrait en blesser certains?
- Qu’ont en commun les « bons » personnages et pourquoi? Y voyez-vous un problème?
- Pourquoi pensez-vous que ces acteurs ont été choisis pour jouer dans ce film ou dans cette émission de télévision? Ressemblent-ils à des gens que vous pourriez côtoyer?

affirme Dre Zali Yage, experte en image corporelle et maman de trois enfants
« Vous ne pouvez pas être ce que vous ne pouvez pas voir »
Marian Wright Edelman, une activiste américaine pour les droits des enfants, a affirmé que : « vous ne pouvez pas être ce que vous ne pouvez pas voir » et c’est aussi vrai pour les médias pour enfants.
Bien que la représentation soit importante, un rapport récent provenant du Royaume-Uni a conclu que les formes de handicap, la communauté LGBTQ+, ainsi que la classe ouvrière étaient largement absents dans les programmes télévisés populaires destinés aux jeunes enfants4. Lorsqu’une forme de handicap était présente, elle était souvent faussement et négativement représentée. Lorsque la communauté LGBTQ+ était présente, c’était souvent pour un très court moment. Le rapport a aussi conclu que les personnes noires, les personnes asiatiques et les minorités ethniques étaient également sous-représentées et occupaient rarement le rôle principal. L’absence de représentation positive et de modèle de comportement dans les médias pour enfants renforce l’idée que la valeur est basée sur les caractéristiques physiques au sein de la société.
Faire une différence
Les médias pour enfants peuvent influencer positivement le développement émotionnel et intellectuel, ainsi que l’image corporelle des enfants et l’acceptation des apparences diversifiées. Il a été prouvé que les représentations diversifiées et inclusives améliorent la confiance en soi chez les enfants. Pour en savoir plus à ce sujet, écoutez l’épisode le plus récent d’Appearance Matters: The Podcast, animé par des chercheurs au Centre for Appearance Research (CAR). Vous pouvez aussi faire une différence en aidant les enfants à choisir des programmes avec des personnages variés. Le projet Dove pour l’estime de soi, en collaboration avec Cartoon Network, a créé une série intitulée Stephen Universe qui consiste en de courts épisodes portant spécifiquement sur des sujets liés à l’image corporelle. Il a été prouvé que ces épisodes améliorent l’image corporelle des spectateurs5.
Avoir des conversations sur l’apparence et les traits de personnalité des personnages peut aussi avoir un effet positif, puisqu’elles permettent aux jeunes de remettre en question les normes entourant l’apparence et les stéréotypes apparaissant dans leurs écrans.
Portez attention aux :
- Médias montrant et mettant en avant des normes de beauté et des représentations diversifiées.
- Médias qui discutent de poids et de forme du corps et les montrent. Par exemple, des personnages qui adoptent certains comportements pour changer d’apparence ou qui discutent de ce qui aurait pu contribuer à la prise de poids ou à la forme de leurs corps.
- Des médias diversifiés montrant différentes tailles, formes et ethnicités et incluant la communauté LGBTQ+ et les handicaps.
- Pretty as a Princess: Longitudinal Effects of Engagement With Disney Princesses on Gender Stereotypes, Body Esteem, and Prosocial Behavior in Children
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